On dit que la terre nous nourrit, parce qu’elle fait pousser les plantes qui nous nourrissent, directement ou via les animaux que nous pouvons parfois consommer.
Quand nous cultivons, nous orientons la production de la terre vers des variétés et des quantités qui nous intéressent. Nous intervenons. Nous faisons plus que cueillir les fruits d’un environnement naturel. Et en général nos besoins de production sont supérieurs à ceux fournis naturellement par la Nature sur une surface donnée. Et s’ils ne le sont pas, la qualité recherchée diffère souvent de celle de variétés sauvages plus coriaces et amères.
Ortie et pissenlit à tous les repas?
Alors naît une nécessaire collaboration, entre la terre et le cultivateur.
La terre nous nourrit, mais en retour, ou pour cela, nous devons aussi nourrir la terre. Ou plus exactement les microflore et microfaune qui y vivent. Car ce sont elles qui travaillent pour nous, en réalité.
En agriculture traditionnelle, appelée aujourd’hui agriculture “bio” comme si c’était quelque chose de nouveau (alors qu’il y a 70 ans pratiquement toute la France était en agriculture “bio” depuis des millénaires) on dit qu’un bon paysan cultive avant tout la vie de son sol, qui elle nourrira les plantes dans un second temps.
Ce sont en effet les micro-organismes du sol qui travaillent et digèrent les matières organiques plus ou moins complexes, libérant les minéraux et nutriments dont les plantes ont besoin. Les plantes lient d’ailleurs des partenariats avec certains organismes pour collaborer sur l’obtention de tel ou tel composant.
Il y a notamment le cas des légumineuses, famille bien connue regroupant les pois, haricots, fève, trèfle, luzerne, ajoncs, genêt, etc., qui s’associent aux azotobacter pour fixer l’azote atmosphérique et trouver ainsi un raccourci à la synthèse des protéines. Cultiver des légumineuses régulièrement et incorporer au sol les parties non consommées revient donc à apporter un peu d’azote naturel.
Fleur de légumineuse (sans doute de pois)
Par conséquent, quand nous jardinons, avant de penser à la salade, aux betteraves ou aux belles courgettes que l’on va récolter, il faut penser à la terre qui va permettre cela. A la vie microbienne présente dans le sol, qui bien nourrie et entretenue va bien nourrir et protéger les plantes, et nous par la même occasion.
Une bonne vie du sol, c’est aussi une bonne protection contre les pathogènes attaquant les plantes. Et un bon approvisionnement en minéraux, ensuite assimilés par nos cellules après consommation de la salade du jardin.
Alors comment nourrir la terre?
Déjà, en faisant un compost à incorporer au sol. Un bon compost contient une bonne diversité de micro-organismes et est produit avec plusieurs sources de matières organiques, de différentes tailles.
Pas que de la tonte de pelouse surtout! Ajoutez en plus vos déchets végétaux de cuisine (sauf agrumes), des feuilles mortes, des algues, les mauvaises herbes arrachées (si pas laissées en paillage sur le sol), des petites branches de bois, etc. : variez le menu!
Il faut aussi remuer ce compost de temps en temps pour apporter de l’oxygène nécessaire aux micro-organismes. Et le couvrir pour pas que les pluies emportent tous ses bons nutriments. Et l’arroser s’il sèche trop. Et oui, ça se cajole un peu, un compost : )
Je vous laisse chercher sur internet les multiples sources de renseignements sur les manières de bien faire un compost.
Pour les cultures gourmandes, il est important d’apporter des déjections d’animaux herbivores (fumier de vache, cheval, mouton, poules, etc), sans quoi ça ne donnera pas grand chose.
Il y a trois familles de légumes particulièrement gourmandes et demandant un sol plus riche : tous les choux, toutes les Cucurbitacées (courgettes, courges, melon, concombre, etc.) et toutes les Solanacées (pommes de terre, tomates, poivrons, piments, aubergines).
Autre façon de nourrir le sol et de l’améliorer : mettre des engrais verts.
On désigne sous ce terme une culture qui, en poussant, va stocker les nutriments pris dans le sol, améliorer ce dernier avec ses racines, le protéger des pluies. Cette culture est ensuite détruite et incorporée au sol, le nourrissant de matière fraîche.
Plusieurs plantes peuvent être utilisées comme engrais vert : phacélie, moutarde, avoine, vesce, sarrasin, trèfle, etc. Il peut être intéressant d’utiliser une plante dont la famille n’est pas cultivée comme légume. Par exemple, au jardin la moutarde est de la même famille que les choux, radis, navets, etc., donc complique les rotations.
Culture de phacélie
Quand nourrir le sol?
Au moins 3 semaines avant les plantations, surtout pour les apports de fumier.
L’idéal est de faire les apports à l’automne (octobre-novembre, avant que le sol ne soit trop imprégné d’eau) puis de couvrir pour protéger le tout (paille, bâche, etc). Ainsi les apports seront assimilés pendant notre hiver doux, et le sol sera prêt pour la reprise au printemps.
Sinon, attendre à partir de février (après la Chandeleur) le bon créneau de beau temps qui va assécher suffisamment les terrains pour qu’on puisse y marcher sans faire de dégâts en profondeur.
Tous les légumes n’ont pas les mêmes exigences, certains n’ont pas besoin d’un sol riche pour pousser (les légumes feuilles notamment). Mais faire des apports de bon compost et améliorer le sol avec ses bons micro-organismes aide à améliorer les qualités nutritionnelles des légumes et à mieux les protéger contre les mildiou et autres maladies.
On peut nourrir sa terre en dehors des créneaux printemps ou automne, comme par exemple au mois de juin avant de planter les choux en juillet.
Le truc, c’est de le faire.
Connaître son sol, ses besoins en fonction des cultures, et aussi ne pas trop nourrir ! Et oui, avec du fumier et du compost en trop on peut aussi polluer les eaux, et attirer des maladies sur les plantes, ou des insectes “nuisibles”.
Voila pour quelques bases, que vous pourrez approfondir et adapter à votre jardin et vos pratiques par des lectures et visionnages de vidéos. Vous vous ferez votre propre idée en expérimentant un peu plus au fil du temps : )